Chapitre 19 : Les «Ah oui c’est vrai» de Montréal

- Vous êtes ensemble? demande le douanier en vérifiant nos passeports.
– Oui, oui, répond Seb.
– Vous venez d’où?
– Du Japon. Osaka.
– Et vous avez rien acheté là-bas?
– Si, si, des vêtements seulement…
– OK. Des kimonos donc?

Blague ratée d’un douanier pince-sans-rire ou excès de curiosité? Aucune idée. Après dix-huit heures de vol et trois heures d’attente à paris, nous étions bien trop crevés pour répondre plus qu’un «Non, non» poli appuyé d’un sourire. Nous étions de retour à Montréal, de retour chez nous!


Deux mois à Montréal

Oui, deux mois d’été seulement.
C’est ce que nous nous sommes donné. Pas plus. Les billets d’avion sont déjà achetés pour début septembre de toute façon, donc pas le choix! La prochaine aventure est claire dans nos têtes depuis plusieurs semaines déjà : nous nous installons au Japon pour un an. Une pause nippone dans notre nomadisme 2.0 qui dure depuis presque un an déjà! Nul besoin de s’attarder sur les raisons d’un tel choix, nous sommes simplement tombés amoureux d’un pays, d’une culture, de ses habitants, mais aussi d’une ville, Osaka. Est-ce que l’excitation de la nouveauté et de la découverte a faussé notre perception des choses? Nous le verrons bien! Nous aurons un an pour nous imprégner de ce qu’est le Japon et vivre cette nouvelle aventure à fond. En attendant, c’est sous le soleil brûlant de la belle métropole québécoise que nous passerons notre été.


Et revenir à Montréal après plusieurs mois…

C’est reprendre toutes les petites habitudes que nous avions. Ou presque! Nouvel appartement pour quelques semaines, nouveau quartier, nouveau rythme… Tout ça avec un bon gros décalage horaire de treize heures. «Ça va le décalage horaire?»On nous le demande sans arrêt. Et même si je réponds généralement «On s’en remet doucement», franchement, non, ça va pas. C’est la merde. Pire que les dix-huit heures de vol. J’échange dix-huit heures de vol supplémentaires contre la putain d’expérience du décalage horaire.

Parce qu’en gros, treize heures de décalage, ça veut dire que l’heure où tu dois te lever était, il y a quelques jours, l’heure à laquelle tu pensais à aller au lit. Bref, en pratique, ça veut dire que t’as envie de dormir tout le temps, et quand tu t’autorises à dormir parce que «c’est une heure convenable», tu t’assoupis pendant quelques heures puis tu te réveilles au milieu de la nuit, super en forme! Plus moyen de fermer l’œil. Puis t’as faim aussi. T’as faim tout le temps. Et n’importe quand. C’est neuf heures du mat', mais tu te ferais bien un bon gros burger. Avec des frites. Bref, ton corps capote ben raide!

Et en plus de ce truc bien chiant à gérer, il y a toutes ces autres petites choses dont tu avais l’habitude, mais qu’en huit mois, évidemment, t’as zappées. Tu sais, des conneries qui sont naturelles au jour le jour. Qui font que tu es un Montréalais, un vrai de vrai, et que t’as pas l’air d’un touriste. Bien, ces trucs-là, tu dois les réapprendre. Je les appelle les «Ah oui, c’est vrai!».


Mes 5 «Ah oui, c’est vrai!» de Montréal


«Ah oui c’est vrai» N° 1 : Le métro freine fort aux stations.

Un truc qu’on sait quand on vit ici. Mais que j’avais oublié. Du coup premier voyage en métro, première station, je m’écroule sur le gars à côté de moi qui n’avait évidemment pas demandé à commencer sa journée ainsi…
À réapprendre : se préparer au freinage ou alors se tenir aux putains de barres...

«Ah oui c’est vrai» N° 2 : Après une poutine, tu te sens mal.

Depuis plusieurs mois, j’avais idéalisé la poutine. Des frites, du fromage, de la sauce brune. J’en bavais d’envie. Je la voulais. J’aurais tué pour. Alors premier jour, premier repas : poutine! Résultat? Mal au bide tout l’après-midi.
À réapprendre : savoir qu’une poutine c’est cool, mais tu le payes après… Ou alors tu penses à boire un thé pour digérer.

«Ah oui c’est vrai» N° 3 : On donne du pourboire.

Trois mois au Japon où tu te retiens de pas donner de pourboire parce que c’est impoli au plus haut point. C’est genre «Tiens, je sais que t’es pauvre, va t’acheter un Coca». Mais une fois de retour à Montréal, tu passes pour un connard si tu files pas de pourboire.
À réapprendre : payer tous tes restos et cafés 15 % plus cher (le coût du pourboire), et avec le sourire en plus!

«Ah oui c’est vrai» N° 4 : On parle français.

Donc deux choses. D’abord, ça sert à rien de dire «aligato» pour remercier la serveuse, elle va te prendre pour un con. Ensuite, parler français entre nous pour que les gens autour ne comprennent pas, ça sert plus à rien non plus. C’est même très, très con.
À réapprendre : on parle français au Québec. Et anglais aussi. Commander une bière en japonais, c’est inutile.

«Ah oui c’est vrai» N° 5 : On n’est plus les étrangers

Avec nos teints pâles et nos bras poilus, on sortait pas mal du lot au cours de nos péripéties en Asie. Là, baaaah, on se fond dans la masse.
À réapprendre : si les gens me regardent dans le métro à Montréal, c’est sûr que c’est pas parce que je suis un «blanc poilu». Il doit y avoir un truc qui cloche. Ou bien je pue, ou bien j’ai oublié de mettre un pantalon…
LIRE LA SUITE ==> Chapitre 20 : Retour au Japon

Auteur : Julien Valat

2 commentaires:

  1. T'es trop Fort Julien LOL! Hâte de vous revoir!!! On débarque à Montréal dans 10 jours... Fab et Lau :)

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  2. Anthony et Cyril12 juillet 2016 à 03:22

    Allez les garçons, courage, vous repartez bientôt ;-)

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